Perfection sans Faim

Le jeune

Jeûner pour perdre du poids, cela semble logique. Si l'on engraisse en mangeant trop, forcément, en ne mangeant pas, on doit maigrir. Certains jeûnent en croyant «purifier» leur organisme, d'autres y voient le moyen de vivre une expérience spirituelle. Selon de nombreuses études, cette pratique comporte des dangers qu'il ne faut pas sous-estimer.

 



L'organisme puise dans l'alimentation l'énergie dont il a besoin. Ainsi, dès qu'il y a déficit entre l'apport alimentaire et la dépense d'énergie, nous perdons du poids. Lors d'un régime amaigrissant bien structuré, le déficit énergétique est comblé par nos réserves de graisses. En revanche, au cours des tout premiers jours d'un jeûne, malgré d'énormes réserves, l'organisme ne parvient pas à mobiliser sa graisse. Pour survivre, il fait appel aux réserves de sucres des muscles et du foie la première journée, puis à ses stocks de protéines.

 

Une perte de poids trompeuse :

 

Après quelques jours, la faim disparaît. Au cours des dix premiers jours, la perte quotidienne de poids peut atteindre près d'un kilo. Spectaculaire, n'est-ce pas? Toutefois, une très faible proportion de ce poids est constitué de gras. En se dégradant, les muscles libèrent trois fois leur poids en eau. La perte de poids initiale est composée de protéines, et surtout d'eau. On peut même perdre jusqu'à 100 g de protéines (la grosseur d'un petit steak) par jour et il est particulièrement difficile de refaire ses réserves par la suite. Rappelons qu'une grande quantité de ces protéines sert à alimenter le cerveau.

 

 



Heureusement, au cours d'un jeûne prolongé, le corps brûle progressivement moins de protéines et plus de gras. Le cerveau parvient même à utiliser avec une certaine efficacité un sous-produit de la combustion des gras : les corps cétoniques.

 

Des conséquences graves

 

 


Si l'adaptation du corps était parfaite, le jeûne serait relativement bénin. Mais tel n'est pas le cas. La perte substantielle de protéines peut s'avérer dangereuse. Outre l'élimination d'eau, l'utilisation des protéines comme source d'énergie génère des déchets, dont l'acide urique. Un niveau sanguin élevé de ce dernier peut provoquer des crises de goutte chez les personnes prédisposées.

 


De plus, selon certaines études portant sur le jeûne modifié - on ingère quotidiennement de 400 à 700 calories sous forme de protéines pour épargner les muscles -, on rapporte un nombre significatif de décès. La cause exacte de ce problème est méconnue. On soupçonne cependant que cela provient d'une prise de protéines de qualité inférieure. C'est payer pour maigrir!

 

 

Nos stocks de vitamines et de minéraux sont aussi menacés. Les vitamines C et B, de même que le sodium, le potassium, le magnésium et le calcium, sont particulièrement touchés. Les effets, plus ou moins sérieux, vont des nausées et de la lassitude à la chute de la pression artérielle, des anomalies du rythme cardiaque, des convulsions, la décalcification osseuse et même l'état de choc. On observe également de nombreux cas d'anémie au cours de jeûnes répétés ou trop longs.

 

 

Une purification illusoire

 

 


Au-delà de la perte de poids rapide et sans effort, de nombreux adeptes du jeûne aspirent à éliminer les toxines qui, selon eux, empoisonnent leur organisme. Or, le jeûne provoque la formation de déchets par la combustion des réserves de protéines et de graisses - si ce n'était de cet arrêt brusque de l'alimentation, l'organisme n'aurait pas recours à ces réserves! Aussi est-il injustifié de parler de «purification». Pour éliminer une plus grande quantité de substances toxiques, on devrait plutôt favoriser un régime élevé en fibres alimentaires.

 

 



Par ailleurs, si l'on peut survivre sans manger pendant des jours, sans eau, c'est autre chose. Le corps élimine les déchets qu'il génère au moyen de l'eau contenue dans les selles et l'urine. Il s'empoisonne donc rapidement lorsqu'il manque d'eau. Par conséquent, il est fortement déconseillé de suivre un jeûne «sec». Les jeûnes de courte durée, répétés fréquemment, sont également à proscrire. Enfin, les personnes diabétiques traitées à l'insuline, atteintes de maladies mentales, rénales, cardiaques ou hépatiques ainsi que les femmes enceintes et les enfants ne devraient jamais s'astreindre à un jeûne.

 

 

 

On a effectivement remarqué que le jeûne abaisse le taux de cholestérol et de graisses dans le sang, de même que la pression artérielle, en plus de favoriser un meilleur contrôle de la glycémie chez certaines personnes diabétiques non traitées à l'insuline. Toutefois, c'est une technique potentiellement dangereuse qui nécessite une étroite surveillance médicale.

 



Pour maigrir, combiner un régime équilibré à la pratique d'exercices physiques est moins risqué que le jeûne. Ces modifications à son mode de vie sont en général plus saines, et les résultats, plus durables. À long terme, en plus des dangers mentionnés, le jeûne est en effet peu efficace pour perdre du poids.



15/12/2009
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